16/11/2021
La stratégie industrielle de modernisation des forces armées turques - Par Martin Everard
"La montée en puissance de la base industrielle et technologique de défense turque s’est déroulée en cinq étapes successives qui ont permis à un pays souffrant d’un important retard technologique de créer un programme de développement d’un chasseur de 5e génération en 30 ans. Jusqu’au milieu des années 90, l’armée turque passait par un schéma connu, et appliqué par de très nombreux pays, de modernisation de ses forces par des achats d’armes à l’étranger. Chars et avions américains, navires et sous-marins allemands, l’armée turque s’équipait alors de systèmes d’armes conçus et produits à l’étranger, parfois d’occasion. Il existe toutefois certains exemples précoces de la deuxième phase, la co-production et la production sous licence, dans l’histoire de la dotation de l’armée turque."
07/09/2021
Le transfert d'armement russe en Libye : révélateur du rôle des sociétés militaires privées - Par Claire Courtin
"Ces forces irrégulières, tolérées dans les faits, continuent d’agir dans un flou juridique et réglementaire, intervenant sur plusieurs théâtres d’opération. Si le Moyen-Orient est la zone qui recense le plus d’actions de la part des sociétés militaires privées russes, elles ont également joué un rôle en Ukraine et la suspicion de leur présence au Haut-Karabagh a alimenté les débats depuis 2020. Le marché russe des SMP est relativement large, composé d’entreprises telles que RSB-Group, Moran Security Group, Redyt-Antiterror. Lorsque la question de ces forces irrégulières est aujourd’hui abordée, la société Wagner est la première mentionnée. A la différence des entités évoquées précédemment, elle n’a pas d’existence légale, n’est pas enregistrée dans la base de données fiscale russe (...) Le groupe Wagner est considéré comme une société militaire privée mais diffère des autres, étant en réalité composé de mercenaires à la solde de Moscou. La relation entre le pouvoir politique russe et les sociétés militaires privées est aujourd’hui opaque."
27/07/2021
Des années 2000 à nos jours : vers une intensification de la présence russe sur le marché militaro-industriel latino-américain - Par Anaïs Fauré
"L'arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine en 2000 a entraîné une redéfinition totale de la politique étrangère de la Russie motivée par l'ambition de redonner à cette dernière sa place de grande puissance. Néanmoins, la bipolarité russo-américaine qui semblait dominer les relations internationales durant la guerre froide a laissé place à une nouvelle bipolarité sinoaméricaine considérant à son tour l'Amérique latine comme un théâtre de concurrence politique stratégique et économique, chacun souhaitant étendre sa zone d'influence respective et implanter son modèle de développement. De fait, la Russie se doit aujourd'hui de composer avec cette nouvelle rivalité et déploie des relations bilatérales et multilatérales avec la région sur fond de confrontation permanente et croissance entre la Chine et les Etats-Unis. (...)"
13/07/2021
La course à l'armement des puissances spatiales : militarisation de l'espace et stratégie de défense spatiale - Par Léna Verpoest
"La militarisation de l’espace débute donc presqu’au même moment que les origines de la conquête spatiale. Pourtant, à mesure que la guerre froide se termine et que le contexte géopolitique change, on assiste à l’émergence de nouveaux Etats et d’acteurs privés qui prennent part à la conquête de l’espace. Le XXIe siècle est ainsi marqué par un renouveau des instabilités dans un contexte où chaque Etat tente de devenir une véritable puissance spatiale. La multitude d’acteurs et l’avènement de nouvelles technologies toujours plus performantes représentent une révolution géostratégique dans un contexte où les défis sécuritaires sont nombreux. Les Etats se dotent de véritables doctrines spatiales et considèrent dorénavant l’espace comme le quatrième domaine d’actions militaires (...) et souhaitent intégrer leurs capacités spatiales aux opérations militaires (...) Tout ceci, dans le but d’assurer leur puissance et leur autonomie."
29/06/2021
Le succès du Rafale à l'international, un vecteur de supériorité aérienne au service des ambitions stratégiques françaises - Par Eva Burgat
"Lancé en 1986 et entré en service en 2002, le Rafale a mis du temps à se vendre. Essuyant de multiples échecs face aux appels d’offres en Corée du Sud, aux Pays-Bas, à Singapour, au Maroc, ou encore au Brésil, le chasseur français a dû faire face à une réputation d’appareil invendable. Mais il semblerait que l’année 2021 s’ouvre sur des perspectives particulièrement prometteuses pour le chasseur français. Le Rafale s’est imposé peu à peu comme un réel système opérationnel ayant acquis une certaine maturité technique et ayant fait ses preuves sur les théâtres d'opérations, permettant aujourd’hui de le placer comme fleuron de l’armement français. (...)"
01/06/2021
Le jumeau numérique au service de la Défense : mythe ou réalité ? - Par Axel Trinquier
"Le concept du jumeau numérique s’inscrit précisément dans ce cadre. Surtout présent en Allemagne, en Chine et aux États-Unis, il est encore mal connu en France. Et pourtant, la grande diversité de ses applications couplée à un contexte technologique et économique favorable à son épanouissement fait que le jumeau numérique est certes un concept en vogue, mais avant tout une idée qui s’instille progressivement mais sûrement chez les industriels, TPE/PME et startups de la BITD française. Correctement déployé, il permettrait l’avènement d’un cycle de développement – et donc d’acquisition pour les forces armées – beaucoup plus court, avec à la clé, une offre commerciale enrichie par les services créés par le déploiement d’un jumeau numérique."
18/05/2021
Les cyber-attaques : nouvelle arme étatique, au service du bouleversement du jeu militaire international - Par Sara Faria Teixeira
"Le nerf de la guerre, c’est l’information. Or avec l’arrivée d’internet, et la dépendance croissante de nos sociétés envers l’outil informatique, le monopole de l’information n’est plus un privilège étatique. À ce fait s’ajoute que le cyberespace donne à la notion de la guerre une toute nouvelle dimension qui contraint les États à développer leurs compétences, pour ainsi tenter de reprendre la main sur le contrôle du cyberespace. Dans cette optique, il n’est plus rare de voir aujourd’hui une coopération entre les États et des groupes privés, des mercenaires, des cyber-guerriers. Cette notion reste tout de même assez large et peut regrouper toutes sortes de spécialistes : des hackers, des spécialistes en renseignement ou encore des acteurs experts en technique de défense offensive (...)"
04/05/2021
La modernisation de la flotte chinoise : émergence d'un instrument de puissance - Par Victor Suret
"La mise en service, samedi 24 avril 2021, de trois navires de combat différents par l’Armée Populaire de Libération (APL), est un événement à la fois banal et très significatif. Banal, car la Chine s’est lancée dans un grand programme naval qui lui permet de mettre à l’eau l’équivalent de la flotte française tous les quatre ans, soit un tonnage d’environ 350 000 tonnes, pour atteindre aujourd’hui un total d’environ trois-cent-cinquante navires. Significatif, car ce sont un sous-marin, un croiseur et un navire d’assaut porte-hélicoptères amphibie qui sont entrés en service, illustrant par-là les ambitions stratégiques de Pékin, et ses projets pour l’avenir. (...)
20/04/2021
L'Eurodrone, un projet ambitieux mais complexe - Par Alexis Benlarbi - De Carvalho
"C’est dans ce cadre que voit le jour le programme Eurodrone, aussi appelé MALE RPAS (Medium Altitude Long Endurance Remotely Piloted Aircraft System), qui est un drone de type MALE qui a pour objectif de remplir des fonctions ISR mais aussi d’exercer les mêmes missions d’attaques que les drones « concurrents » tels que le Bayraktar TB-2, l’Akinci ou encore le MQ-9 Reaper. Ce projet voit le jour en 2013 lorsque les constructeurs Airbus Defense and Space, Dassault Aviation et Aermacchi (du groupe italien Leonardo), décident de proposer un développement commun d’un nouveau drone qui serait exclusivement de fabrication européenne. Airbus est le leader du projet avec près de 50% des parts, Dassault 35% et 15% pour Leonardo. L’Espagne fait également partie de ce projet européen. (...)"
06/04/2021
La propulsion nucléaire dans la Marine Nationale - Par Clémentine Loinard
"Si la Seconde Guerre mondiale a facilité l’essor de l’arme atomique avec le projet Manhattan (1939-1946), la Guerre Froide a quant à elle favorisé le développement des sousmarins et de la propulsion nucléaire navale. Le Général Charles de Gaulle souhaitait conserver l’autonomie et l’indépendance de la France au travers de la création d’une flotte de sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE). Ces sous-marins équipés de missiles balistiques devaient exercer « la force de frappe » de la troisième composante de stratégie de dissuasion nucléaire (...) En plus des SNLE, la Marine Nationale dispose de deux autres bâtiments nucléaires : le sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) et le porte-avions. Le renouvellement de ces bâtiments, en service depuis plusieurs décennies, a été lancé pour garder une crédibilité opérationnelle grâce une flotte navale puissante mais aussi pérenniser les compétences industrielles à long terme en matière de propulsion nucléaire. (...)"
28/03/2021
Le développement de la coopération militaro-technique russe au Moyen-Orient, une stratégie d’implantation dans la région - Par Elise Pacot
"Depuis 2015, la Russie entreprend des opérations militaires en Syrie. Toutefois, les contrats d’exportation d’armes russo-syriens sont postérieurs à cette intervention. En effet, il faut savoir qu’entre 1991 et 2011, la Syrie signe avec la Russie pour 930 millions de dollars de contrats d’armement. En réalité, les forces armées syriennes ne peuvent pas se passer du fournisseur russe – près de 90% des matériels militaires syriens proviennent de la Russie principalement car la Syrie a contracté une importante dette envers la Fédération. Celle-ci s’élève à 13 milliards de dollars et a principalement été contractée lors d’achats à crédits d’armement auprès de l’URSS (...)"
23/03/2021
L'extension du traité New Start et le souhait américain de voir la Chine rejoindre des accords de maitrise des armements nucléaires - Par Alaïs Laurioux
"L’année 2020-2021 constituait la date limite pour assurer l’extension du traité New START, traité conclu en 2010 entre la Russie et les Etats-Unis, à l’initiative du Président Obama. Si l’une des priorités de Joe Biden à son arrivée à la Maison Blanche était de renouveler l’extension du Traité New START, l’un des objectifs sous-jacent était d’assurer la signature de nouveaux accords bilatéraux ou trilatéraux avec la Chine en matière de contrôle des armements nucléaires. Cette idée n’est pas nouvelle, puisque Donald Trump, durant son mandat présidentiel, a tenté d’entraver la Chine dans de pareils accords, en vain. En effet, au lieu de poursuivre l’extension du traité New START, l’ancien Président américain a préféré user de celui-ci pour entrer en négociations avec la Chine et la Russie dans le but de conclure un accord trilatéral sur la limite des arsenaux nucléaires de chacun. (...)"
09/03/2021
Joe Biden et la Turquie : Un renouveau dans le programme F-35 ? - Par Claire Courtin
"Les États-Unis ont tenté de rallier la Turquie à leur cause, en leur proposant le système antimissiles Patriot à la place du S-400. Cependant, à la vue du coût des deux programmes, la Turquie s’est vite tournée vers la Russie. En signant un accord d’achat de quatre bataillons de S-400 Triumph pour un montant de 2,1 milliards, la Turquie tourne le dos aux États-Unis et compromet sa participation au programme F-35. En vertu de la loi américaine CAATSA10, établie en 2014 à la suite du dossier ukrainien, les États-Unis imposent des sanctions économiques contre les pays concluant des contrats d’armement avec les entreprises russes. De surcroît, les États-Unis craignent que l’acquisition turque des systèmes S-400 et F-35 favorise le transfert d’informations sensibles à la Russie (...)"
23/02/2021
L'Arctique en surchauffe : entre sécurité et hypermilitarisation de la Russie - Par Marine Discepoli
"Dans un contexte général de baisse des budgets, les États investissent d’abord dans l’industrie de l’armement et dans la recherche et le développement d’innovations techniques, qui vont leur permettre d’asseoir une influence dans la région qu’ils convoitent. En effet, pour établir sa souveraineté, la Russie dévoile sa capacité à mobiliser ses troupes dans un environnement hostile. Pour comprendre ce qui se joue en Arctique, il faut savoir que c’est une zone qui présente un vide juridique. Sur ce plan, la CNUDM est le seul document de portée internationale permettant aujourd’hui de régir l’Arctique, même si elle n’a pas vocation à être contraignante. C’est un espace prêt à être conquis par celui qui sera le premier arrivé. Ainsi, tout espace considéré comme libre d’exploitation, attire les investisseurs, et les investisseurs majoritaires sur un espace si particulier sont les États. Les passages maritimes, les territoires, et les ressources naturelles sont sources de convoitises (...)"
09/02/2021
Le renouveau de l'armée britannique : nouvelles technologies, Brexit et projets stratégiques - Par Victor Suret
"Boris Johnson a clairement manifesté sa volonté de refaire du Royaume-Uni une puissance militaire majeure, et de reconstituer une British Navy qui serait de nouveau la plus grande d'Europe, détrônant ainsi la Marine nationale qui avait réussi à conquérir ce titre pendant quelques années. À cette fin, le gouvernement britannique a présenté les grandes orientations stratégiques de la prochaine décennie, ainsi que la manière dont ces sommes seraient investies. Plusieurs projets viendront soutenir cette vision : l'agrandissement de la flotte, qui devrait engloutir une part très significative de ce budget, mais également le développement des avions de combat et chars d'assaut de nouvelle génération venant remplacer les équipements actuels, la production de drones et d'aéronefs sans pilotes, le renforcement de la British Army par des recrutements supplémentaires, mais également par des robots, et la création d'unités de hackers qui viendront accroître les capacités du pays en matière de cyberdéfense et de cyberstratégie. (...)"
26/01/2021
Bayraktar TB-2, l'arme fétiche de l'armée turque - Par Alexis Benlarbi - De Carvalho
"Depuis 2016 la Turquie s'est imposée comme un acteur régional incontournable, menant diverses opérations militaires comme en Syrie et en Libye afin d'y protéger ses intérêts. C'est également au cours de ces divers engagements qu'Ankara s'est employée à utiliser massivement son drone MALE Bayraktar TB-2, avec des succès opératifs sur les différents théâtres d'opération. La Turquie est-elle devenue une puissance majeure en matière de dronisation ? (...)"